Genjitsushugisha no Oukokukaizouki

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Tome 5 – Chapitre 42-5 – La venue de la Sainte ⑤


Après avoir terminé l’audience, j’avais demandé à Marie une chose qui me dérangeait. « Madame Marie, ne doutez-vous pas quant au fait d’être traitée si soudainement comme une sainte ? Tout à coup, vous devez porter sur vos épaules la dignité de votre pays, puis vous devez comparaître devant un roi étranger et vous êtes censée dire à ce roi inconnu : “Je vous offrirai mon corps et mon cœur”. C’est un fardeau bien trop lourd pour les épaules d’une personne. J’aurais pensé qu’une telle vie serait trop cruelle pour qu’une jeune fille ordinaire se retrouve dans une telle position. »

Marie avait simplement souri avant de me répondre. « Par la volonté de Lady Lunaria, j’ai eu le grand honneur de devenir une sainte. La sainte est le visage de l’État Pontifical Orthodoxe. Après avoir reçu un tel rôle, plutôt que de vivre pour mes propres sentiments, je veux remplir les fonctions qui m’ont été confiées. Je fais cela parce que c’est ce qui est le mieux pour le pays et par la même occasion, pour tous. »

« ... Abandonneriez-vous vos souhaits pour le bien des autres ? » demandai-je.

« Il s’agit de mon devoir naturel en tant que celle qui a reçu un plus grand honneur que la plupart des autres personnes. Je pense qu’en tant que roi, vous comprenez bien cela, n’est-ce pas, Sire ? » demanda-t-elle.

J’étais tombé silencieux.

« Le fait de vivre de la façon dont les autres veulent que vous viviez, » avait-elle dit. « Je crois que c’est une merveilleuse façon de vivre, et je peux en être fière. Pour les personnes qui me vénèrent comme une sainte, j’ai l’intention de me donner pleinement pour les servir. »

Pour les personnes qui l’ont révérée comme une sainte... hein.

Elle devait croire de tout son cœur que vivre comme les autres le voulaient était une chose dont elle pouvait être fière. Quand j’avais vu le sourire de Marie, les paroles d’une autre sainte avaient traversé mon esprit.

« Je suis peut-être une impératrice, mais je suis tout de même un être humain. Au lieu d’être vénérée comme une sainte, je veux rester une personne et être aimée en tant que personne. »

Pour l’une de ses personnes, être une sainte était quelque chose dont il fallait se glorifier, et elle avait choisi d’agir comme une sainte.

Pour l’autre, elle avait refusé d’être une sainte et avait insisté pour être une personne.

« Je pense qu’en tant que roi, vous comprendrez bien cela, n’est-ce pas, Sire ? » m’avait demandé avant ça Marie.

Quelle voie dois-je choisir... ?

***

« Il fut un temps... où je pensais de la même manière que Marie, » j’avais déclaré ça à mes compagnons assemblés, comme si je confessais mes péchés à l’église. « Carla, vous en souvenez-vous ? Que s’est-il passé pendant la bataille avec les forces de la Principauté ? »

« Voulez-vous parler de cette fois-ci... ? » Carla, qui était restée debout dans le coin de la pièce, avait dit cela dans un murmure.

Je parlais de l’époque lors de la guerre avec Gaius VIII et avec les nobles corrompus quand, afin de protéger mon cœur de la pression qui pesait sur mes épaules, j’avais mis de côté mes propres sentiments et j’avais essayé de me focaliser uniquement sur le rôle du roi sans penser à moi. Si je n’avais pas fait cela, je n’aurais pas pu supporter le poids de toutes ces vies perdues à cause de mes ordres.

« Nous sommes des personnes, donc nous souffrons en raison de l’ampleur de nos responsabilités, » déclarai-je. « Et comme nous sommes des personnes, nous souffrons quant aux décisions que nous avons prises. Cette fois-ci, quand je fus forcé dans une guerre que je ne voulais pas, mais que je n’avais pas d’autre choix que de me battre de toutes mes forces, peu à peu, sans m’en rendre compte, j’ai commencé à agir comme un système appelé “le roi”... comme si j’étais simplement une machine. J’avais fait cela parce que si j’étais une machine, je n’avais pas à souffrir, ni à penser et à agoniser sur des décisions que j’aurais prises. »

« Souma..., » Liscia avait affiché un regard empli d’inquiétude quand elle entendit ça, mais je lui avais fait un sourire en coin tout en secouant la tête.

« Quand Carla m’a demandé : “N’avez-vous pas peur de mourir ?”, cela m’a fait réaliser à quel point mon esprit était déformé par cette adversité pour être ainsi prêt à accepter de mourir en tant que roi sans même sourciller. Grâce à cela, j’ai pu m’arrêter. Quand je pense comment les choses se seraient déroulées si Carla ne me l’avait pas fait remarquer... Je frissonne rien qu’à y penser. J’aurais très certainement pu finir comme Marie. Quand je pense à tout ça, cela me fait vraiment très mal. »

Quand j’avais imaginé à ce que ce serait comme si une version de moi qui était devenue le système appelé « un roi » avait été ici et était maintenant debout devant Liscia et les autres... cela m’avait fait peur.

Le moi qui était devenu capable de tout accepter parce que j’étais le système appelé « roi » pouvait-il rendre Liscia et les autres heureuses ? ... Non, il ne pouvait pas.

« Je veux rester une personne et être aimée en tant que personne. »

Oui... C’est vrai, Madame Maria, pensai-je.

Si je ne pouvais pas remarquer les larmes de Liscia et des autres, si je ne pouvais pas faire sourire Liscia et les autres, même si cela signifiait souffrir sous un lourd fardeau et agoniser en raison des décisions que je prenais...

Je ne voulais pas devenir un simple système.

« Oui, moi aussi, je préfère être une personne, » avais-je affirmé.

« Souma ? » demanda Liscia. « ... Hein !? »

J’étais à nouveau descendu du bureau, j’avais marché pour me placer à côté de Liscia et j’avais serré son corps mince contre moi. Mon action soudaine avait laissé Aisha, Juna et Roroa totalement abasourdies.

« Wo... euh ?! » s’exclama Aisha.

« Oh mon Dieu ! » s’écria Juna.

« Wôw, Grande Sœur Cia, ce n’est pas juste, » déclara Roroa.

Alors que les trois autres filles nous regardaient fixement, Liscia avait très rapidement viré dans une nuance de rouge vif, alors que ses yeux plongeaient rapidement vers le bas. « E-Euh... Souma ? Puis-je peut-être... te demander de me lâcher ? C’est un peu embarrassant... Tout le monde nous regarde... »

Même si Liscia m’avait dit ça, je l’avais ignorée et je l’avais serrée dans mes bras avec encore plus de force. Si elle n’aimait vraiment pas ce que je lui faisais subir, je savais que Liscia était plus que capable de me repousser.

J’étais toujours accroché à Liscia alors que j’avais parlé à Hakuya. « Je ne deviendrai pas le roi saint. Je ne laisserai pas l’État Pontifical Orthodoxe se frayer un chemin jusqu’ici. J’ai une politique à l’esprit qui mettrait en échec les plans de l’État Pontifical Orthodoxe, mais... elle serait probablement juste assez bonne pour nous faire gagner du temps. Si nous arrivons avec une solution plus radicale à ce problème, tous les disciples de l’Orthodoxie Lunaire dans le pays deviendraient un problème. J’espère avant ça qu’on puisse les marginaliser, ou alors les rendre inoffensifs... »

« Attends, pourquoi parles-tu de choses sérieuses en me tenant comme ça ? » cria Liscia.

« Hm... Dans ce cas, laissez-moi gérer les contre-mesures pour faire face à cette situation, » déclara Hakuya. « J’ai quelques idées de mon côté. J’emprunterai Kagetora et quelques membres des Chats Noirs à ces fins. »

« Vous aussi, Hakuya ! Pourquoi tenez-vous une conversation ordinaire alors que je suis dans une telle situation ? » demanda Liscia.

« D’accord, » répondis-je à Hakuya. « Demain, nous partagerons nos idées et nous travaillerons sur nos projets. »

« Il en sera fait selon votre volonté, » répondit Hakuya.

« Ignorée !? Je suis totalement ignorée !? » cria Liscia.

« Merci, » dis-je. « Hakuya, je comptes sur vous. Et maintenant... »

Tout en me grattant la joue, je m’étais tourné vers Aisha, Juna et Roroa avant de leur dire. « Désolé, mais pourriez-vous laisser Liscia et moi seuls cette nuit ? »

« “‘?!’” »

Au moment où elles avaient compris ce que ces mots sous-entendaient, les yeux d’Aisha, de Juna et de Roroa avaient semblé vouloir sortir de leurs orbites en raison de la surprise. Quant à Liscia, qui avait protesté avec véhémence jusqu’à maintenant...

« Euh... Euh... » Cela donnait l’impression qu’elle ne pouvait même pas articuler des mots correctement, et qu’elle ouvrait et fermait simplement sa bouche comme un poisson rouge !

Face à une Liscia qui était habituellement si digne, j’avais pensé : hé, elle sait aussi faire des grimaces comme ça, j’avais trouvé tout ceci très amusant.

« Mon Chéri ! Cela signifie-t-il que vous allez tous les deux..., » Roroa était revenue à elle et elle avait essayé d’obtenir des réponses...

Mais Juna posa une main sur son épaule et l’arrêta. « Roroa !! »

Puis elle avait dit quelque chose à Roroa et Aisha dans un murmure avant de se retourner et de me faire un large salut.

« Maintenant, princesse, Votre Majesté, nous allons prendre congé de vous, » après avoir dit ça, Juna était tranquillement sortie de la pièce.

« Euh... Votre Majesté, Princesse, bonne nuit..., » déclara Aisha.

« Murgg... Grande sœur Cia ! Il faudra tout me dire demain matin, d’accord ? » demanda Roroa.

Aisha et Roroa avaient suivi Juna et elles avaient toutes quitté la pièce.

« Eh bien, on se voit demain, » déclara Hakuya. « Reposez-vous bien. »

« Je-Je serais en faction à l’extérieur de la pièce... S’il vous plaît, soyez doux avec elle, Maître..., » déclara Carla.

Avec Hakuya et Carla étant les derniers à partir, Liscia et moi étions seuls dans la pièce.

J’avais soulevé Liscia, qui était pétrifiée.

Hey, elle était plutôt légère. Son corps était un peu musclé, mais dans l’ensemble, elle avait une silhouette élancée, et donc la différence de poids entre nous avait fait qu’il avait été facile pour moi de la soulever. Quand je l’avais fait s’asseoir sur le lit pour une personne qui était comme toujours placé dans le coin de la pièce, Liscia avait finalement repris ses esprits.

À la lueur des bougies, nous nous étions assis côte à côte sur le lit, en nous regardant droit dans les yeux.

« H-Hum, Souma ? Ça signifie-t-il... bien ce que je pense en ce moment ? » demanda Liscia avec son visage qui était vraiment très rouge.

Mes joues avaient aussi commencé à être chaudes alors que je lui répondais. « Hm... Oui. C’est bien... ce genre d’intention... »

« O-Oh, je vois..., » répondit-elle.

« ... Ne pouvons-nous pas le faire ? » demandai-je.

« Non ! Ce n’est pas que nous ne pouvons pas ! Ce que je veux dire, c’est que j’attendais pour ça..., » Liscia secoua la tête. Bien que ses paroles étaient dites en bégayant et en s’affaiblissant, je les avais quand même entendues. « M-M-M-Mais, pourquoi si soudainement ? Tu-Tu m’as fait attendre si longtemps. »

« Oh... je sais, eh bien... Je pensais que je devrais attendre jusqu’à ce que le royaume soit plus stable, jusqu’à ce que je sois capable d’en assumer la responsabilité, jusqu’à ce que nous ayons franchi toutes les étapes, mais..., » commençai-je mon explication.

Bon sang, c’était vraiment embarrassant ! Je m’étais alors gratté l’arrière de la tête.

« Mais... Quand j’ai vu Marie, et que j’ai pensé au fait que je veux être une personne et non pas un système. Après ça, je ne pouvais pas me retenir plus longtemps. J’ai alors voulu... agir sur une impulsion humaine, et j’ai voulu que tu m’acceptes ainsi, » expliquai-je.

« J-Je vois..., » répondit Liscia.

Cela, et les paroles de Maria, « Je veux rester une personne et être aimée en tant que personne », avaient probablement aussi un effet sur moi.

Je voulais être une personne, et je voulais aimer Liscia et les autres en tant que personne.

Je voulais que Liscia et les autres m’aiment en tant que personne.

Je me sentais comme ça, et je ne pouvais plus du tout me réfréner.

... Eh bien ! Dans un instant comme celui-ci, je n’allais certainement pas lui dire que les paroles d’une autre femme avaient eu un effet aussi profond sur moi.

« Hum, mais... je trouve que d’avoir notre première fois dans le bureau des affaires gouvernementales, ce n’est pas très attrayant, » déclara Liscia, trébuchant sur ses mots, alors qu’elle pliait son haut qu’elle avait retiré et qu’elle avait placé de côté afin qu’il ne soit pas plissé.

J’avais également enlevé ma chemise, et j’avais tiré à moi Liscia qui ne portait plus que ses sous-vêtements blancs.

Étais-je celui qui tremblait, ou était-ce elle... ? Cela aurait bien pu être nous deux. Aucun de nous n’était habitué à cela, et c’est ainsi que nous nous enlacions maladroitement dans le lit. Nous nous étions embrassés une fois, puis...

« Eh bien, veux-tu faire ça ailleurs ? » avais-je chuchoté à l’oreille de Liscia.

Après que j’eus dit ça, Liscia avait souri et avait secoué silencieusement sa tête avant de dire. « Non. Ici, c’est parfait. Car après tout, ici est... »

l’endroit où toi et moi, nous nous sommes rencontrés pour la première fois...

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